Marie Azevedo est présidente de l’association Reso-Club et de la société ResoCom spécialisée dans la sécurité et la conformité documentaire.

Quels sont les chiffres de la fraude documentaire en France ?

Les chiffres sur la fraude documentaire sont toujours flous et ils sont très difficiles à évaluer avec précision. Les banques, par exemple, préfèrent évoquer des contentieux plutôt que de parler des fraudes dont elles sont victimes. Cela ne serait pas très bon ni pour leur image, ni pour leur réputation… Les chiffres que je peux vous communiquer proviennent des usages de nos outils : ils donnent une indication de la fraude évitée. En 2016, nous avons identifié un taux de 7 % d'anomalies dans les secteurs les plus vulnérables (banques, opérateurs téléphoniques…) soit environ 840 millions d'euros de fraude évitée.

Quels sont les risques encourus par les entreprises ?

Pour les banques, les risques sont gérés par la conformité. Ils proviennent essentiellement lors d’une entrée en relation dont l’identité n’a pas été contrôlée et à l’octroi de crédit. Ce sont des risques liés à la conformité de la relation client. Depuis 2006, les établissements bancaires ont créé la direction de conformité qui a rôle de déontologue. Cette direction veille et fait appliquer les procédures réglementaires. Aujourd’hui, c’est un processus généralisé à d’autres secteurs règlementés dont le risque est une entrée en relation sur la base d’une fausse identité permettant des opérations de blanchiment et ou de financement du terrorisme.

Le secteur des opérateurs téléphoniques, est également concerné par la fraude identitaire, en plus du risque lié à la connaissance client. Et comme les banques, les opérateurs téléphoniques sont confrontés à des risques financiers liées à la vente de produits et services, notamment de téléphones, de tablettes, consommations, et réputationnels si la ligne téléphonique est ouverte par des escrocs ou des terroristes.
Le commerce en ligne est également exposé aux risques de fraude des lors que la ligne téléphonique a été ouverte sur une fausse identité, la banque du commerçant transmet un code pour sécuriser les transactions financières par SMS et ainsi valide l’achat effectué sur le web au nom d’un honnête citoyen et multiples victimes : d’un usurpateur, du commerçant, de la banque bref du système économique et plus globalement du système judiciaire.
L’usurpateur pourra ainsi agir au nom d’un honnête citoyen dans tous les actes de la vie courante en toute impunité.

Quels sont les rôles de la société ResoCom et de l'association ResoClub ?

J’ai fondé ResoCom en 1999, initialement je proposais du conseil dans une démarche d’audit et de la formation sur la gestion du risque opérationnel lié à la fraude. Progressivement, j’ai été amené à créer une plateforme pour capitaliser sur mes retours
d’expériences et expertises sur la fraude identitaire et documentaire. Aujourd’hui ResoCom est une SSII en plus d’être organisme de formation. Nous avons créé des logiciels spécifiques dédiés aux contrôles des supports d’identité et des justificatifs administratifs. C’est instantanément, soit en moins de 6 secondes que le contrôle s’opère lors d’une démarche de droits : aux comptes bancaires, aux crédits à la consommation, locations immobilière, automobile, embauche, contrôles d’accès.

Depuis 18 ans, nous aidons nos clients à développer une relation de confiance cela dans le respect strict des procédure règlementaires du KYC (connaissance client). Les risques opérationnels sont provisionnés mais pas la mauvaise réputation en cas de financement du
terrorisme ni d’opération de blanchiment. Nos services et logiciels sont utilisés historiquement par les banques et les opérateurs téléphoniques. Ils permettent une analyse sur les pratiques frauduleuses (typologie, géolocalisation…) et les partage avec les membres de l’association du ResoClub. Cette association Loi 1901 rassemble des entités qui portent le risque lié à la fraude et à la criminalité identitaire. Elle rassemble des acteurs privés (banques, opérateurs téléphoniques, loueurs d’automobiles, …) et des représentants du secteur public et para-public comme le ministère de l’Intérieur, du ministère de la Justice, le Pôle Emploi ou la Caisse d’allocations familiales. Nous nous réunissons plusieurs fois par an pour débattre, améliorer les procédures, analyser les obligations et échanger sur les meilleures pratiques. La force de l’association du ResoClub réside dans la pertinence des débats, la qualité des experts et notre régularité : nous avons déjà organisé une trentaine d’ateliers. L’association accueille des membres d’envergures européens car les risques de la fraude à l’identité sont au- delà de nos institutions françaises, ils sont présents dans tous les secteurs d’activités au niveau international. Aujourd’hui, chaque citoyen est concerné, personne n’est à l’abri d’un simple usurpateur ou d’un usurpateur terroriste agissant sur le territoire français, européen voir au-delà depuis l’Afrique, l’Asie ou tout simplement à quelques mètres. La fraude identitaire ne connaît pas les frontières, ni les juridictions… Nous devons prendre conscience des enjeux et de l’engouement de ce phénomène polymorphe. Nous sommes potentiellement responsables sur les risques liés à nos données personnelles et principalement à l’usage de notre support d’identité.

Avec quels outils les organisations peuvent-elles se prémunir contre la fraude ?

Aujourd’hui, il existe une multitude d’initiatives pour lutter contre la fraude documentaire. Nous insistons sur la sensibilisation de tous les publics. Nous avons créé des supports de formations sous forme d’ateliers très pragmatiques.

Resocom c’est une équipe d’experts dont 60 % d’ingénieurs issus de la recherche en traitement d’images. Nous avons adapté nos services d’expertise en multilingues, aux nouveaux usages technologiques. Nos services sont accessibles via une plateforme web sécurisée en mode Saas, sur les plateformes mobiles IOS et Android et accessibles aussi en mode web services compatibles à tous les systèmes d’information. La fraude doit se gérer en temps réel et nous donnons les moyens de la neutraliser et de la géo localiser.

Je précise que notre démarche est conforme et respecte les recommandations de la Cnil.

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